Le saviez–vous ? L’Inventeur de l’aquarium est français ! …et, en plus, c’est une femme !

L’Inventeur de l’aquarium est français !

…et, en plus, c’est une femme !

C’est une femme, une française, originaire de la Corrèze, Jeanne VILLEPREUX épouse POWER (1794-1871), Autodidacte passionnée qui inventa vraiment l’aquarium dès 1832, pour réaliser ses expérimentations sur les Argonautes, mollusques, qui proliféraient à Messine. Ses “cages à la Power ” ont été fabriquées pour leur observation.

Ceci vingt ans plus tôt qu’il ne l’est généralement indiqué. Elle a également été à l’origine de la biologie marine et de l’océanographie.

Le fabuleux destin d’une obscure brodeuse devenue la première femme océanologue au monde…

BIOGRAPHIE

Jeanne Villepreux est née à Juillac, chef-lieu de canton du département de la Corrèze, le 5 Vendémiaire de l’An 3 du calendrier révolutionnaire, soit le 25 Septembre 1794.

Elle était l’aînée des enfants de Pierre Villepreux petit propriétaire mais aussi successivement militaire, garde champêtre, cordonnier, agent salpêtrier.

On dit que la famille Villepreux avait connu autrefois des jours plus brillants et même porté la particule.

La légende veut que la jeune fille ait été bergère.

A la campagne, tous les enfants gardaient un jour ou l’autre les troupeaux.
Nous avons la preuve que Jeanne, surnommée Lili, savait au moins lire et écrire, contrairement à sa sœur et à son frère qui, adultes, seront déclarés illettrés dans divers documents.

À part cela, nous savons peu de choses de son enfance.

Sa mère meurt en 1805. Jeanne n’a que onze ans. Son père se remarie. Il semble que les relations avec sa belle-mère étaient mauvaises.

À l’âge de 18 ans, avec l’accord de son père, elle quitte son village pour « monter » à Paris où une parente lui a promis un emploi.

Mineure, elle ne peut voyager seule.

Elle est donc confiée à un cousin qui convoie des troupeaux vers les abattoirs parisiens.

C’est un trajet de 480 kilomètres à pied.

On marchait beaucoup à cette époque !

Les choses se passent mal. Arrivés à Orléans, le cousin agresse la jeune fille qui se réfugie à la gendarmerie où elle doit prouver sa bonne foi.

Elle est assignée à résidence dans un couvent, le temps de recevoir de Juillac les documents l’autorisant à poursuivre son voyage.

La mairie de Juillac conserve la lettre émouvante qu’elle a envoyée dans ce but en avril 1812 au maire de la commune.

Quand elle arrive enfin à Paris, elle n’est plus attendue. Sa place a été prise ; la voilà sans travail.

Fort heureusement pour elle, son atout est un grand talent de brodeuse. Une célèbre maison de mode de l’époque (Germon et Huchez) lui fait confiance et l’engage. Elle va s’y révéler d’une grande habileté.

Nous sommes à la période de la Restauration.

Louis XVIII règne sur la France.

En 1816, la jeune princesse Marie-Caroline de Bourbon, fille de François 1er, Roi des Deux-Siciles, vient à Paris pour épouser le duc de Berry, neveu du Roi de France.

La maison Germon et Huchez est chargée de la confection du trousseau.

La création et la réalisation des somptueuses broderies de la robe nuptiale sont confiées à Jeanne.

La beauté de l’ouvrage est très remarquée, notamment par un jeune noble anglais de passage à Paris, Lord James Power, riche négociant en Sicile.

Les jeunes gens se rencontrent et tombent amoureux.

Aquarelle de Jeanne Villepreux représentant un argonaute vivant

Ils partent pour Messine où James réside et s’y marient en mars 1818.

Jeanne va alors connaître la vie mondaine de la riche colonie anglaise sicilienne.

Mais cela ne lui suffit pas.

Elle se lance dans les études et devient petit à petit « femme savante ».

Elle se cultive, lit beaucoup, apprend plusieurs langues (anglais, italien, latin, grec). D’une curiosité insatiable elle se passionne pour tout ce qui concerne les sciences dites naturelles.

Elle parcourt la Sicile en tous sens pour découvrir ses paysages, ses monuments, ses richesses naturelles et son abondant patrimoine culturel.

Elle rassemble progressivement une importante collection dans des domaines variés.

Elle effectue plusieurs travaux dans les domaines zoologiques, botaniques et géologiques, qu’elle communique à l’académie de Catane où elle est très appréciée en dépit de son sexe.

Elle s’intéresse particulièrement à la faune marine très riche dans le détroit de Messine. Elle décrit et étudie de nombreuses espèces.

Elle se passionne surtout pour l’argonaute (Argonauta argo), curieux mollusque céphalopode à coquille qui y pullule à l’époque.

Ce poulpe faisait l’objet de querelles incessantes entre naturalistes depuis des siècles.

Confondu longtemps avec un autre poulpe à coquille, le nautile, on savait depuis peu qu’il s’agissait de deux animaux bien différents.

La coquille du nautile est dure, calcifiée et cloisonnée, l’animal y étant solidement attaché.

Celle de l’argonaute est fine comme du papier (d’où le non de « paper nautilus » donné par les anglais) et n’est pas cloisonnée, ce qui permet à l’animal d’en sortir.

Deux opinions s’affrontaient au sujet de la nature de la coquille de l’argonaute. Certains affirmaient que le poulpe empruntait la coquille vide d’un coquillage à l’exemple du bernard-l’ermite.

D’autres, comme le français Lamarck, pensaient que le poulpe construisait sa coquille.

De plus, tous les spécimens connus étaient de sexe féminin. Jeanne va s’attacher à résoudre ces problèmes.

Elle met alors au point la toute première méthode expérimentale.

Expérimenter était chose nouvelle, les naturalistes se contentant d’observer et de classer dans leurs « cabinets » des spécimens conservés dans l’alcool.

Elle va créer des outils originaux permettant l’observation des animaux aquatiques « in vivo ».

Elle crée dès 1832, de grandes cages qu’elle immerge en mer pour les expérimentations sur le terrain (cages à la Power).

Coquille d’argonaute

Argonaute mâle – Taille : quelques millimètres

Elle invente des récipients en verre qu’elle nomme « aquaria ».

Elle y reconstitue les conditions du milieu naturel pour l’étude en laboratoire.

Ils précéderont les premiers aquariums anglais d’une vingtaine d’années.

S’appuyant sur des centaines d’expériences elle démontre que :

  • L’Argonaute construit bien sa coquille par les sécrétions de ses tentacules.
  • L’Argonaute peut en réparer de la même manière les fractures éventuelles.

Elle découvre aussi le mâle, être minuscule qui avait été considéré jusqu’alors comme un petit ver marin parasite.

Cependant, Jeanne est une femme, de plus autodidacte.

Si la reconnaissance est effective chez ses collègues naturalistes de Catane et Messine, il n’en est pas de même en France où le mandarin de la zoologie de l’époque, Blainville, juge ses travaux sans intérêt et contraires à sa doctrine affirmant que l’argonaute emprunte la coquille d’un autre mollusque.

S’ensuit une longue bataille qu’on a nommée « bataille de l’argonaute ».

Jeanne est vivement soutenue par la célèbre académie de Catane (Academia Gioena) et, surtout, par le célèbre naturaliste anglais, le professeur Richard Owen, directeur du British Museum (on lui doit la définition du mot « dinosaure »).

Grâce à ces appuis, Jeanne finira par l’emporter.

Blainville ne s’inclinera qu’après une longue résistance.

Il reconnaît qu’elle est la seule inventrice de l’aquarium et rend enfin hommage à ses recherches sur l’argonaute.

L’admiration européenne est unanime.

En 1839, Jeanne est admise membre correspondant de la Zoological Society de Londres.

Elle fera partie de dix-huit autres académies en Europe, ce qui était un exceptionnel honneur pour une femme en cette première moitié du 19ème siècle.

La suite est malheureusement plus triste.

Le couple Power prévoit de s’installer à Londres. Leur mobilier et les riches collections sont embarqués en 1838 sur le brigantin Bramley qui, par malheur, sombre, corps et biens, en Méditerranée. Jeanne ne se remettra jamais de cette catastrophe.

Sa carrière scientifique s’arrête à cette époque.

En 1842, le couple s’installe à Paris. James y crée une entreprise d’électrolyse avant de devenir le représentant pour la France de la société du câble télégraphique sous-marin qui posera le premier câble reliant Calais à Douvres en 1851.

Jeanne n’a plus l’âge des aventures.

Son activité se limite à l’entretien d’une riche correspondance et à l’édition du résumé de ses travaux dans un livre portant le titre de « Observations physiques sur le poulpe Argonauta argo ».

Elle s’intéresse cependant à l’astronome et publie un ouvrage sur les météorites et corps célestes.

La guerre éclate en 1870. Jeanne se réfugie dans son bourg natal de Juillac pour échapper au terrible siège de Paris.

James meurt à Paris un an après.

Elle avait soixante-dix-sept ans quand elle meurt à son tour.

Les époux sont enterrés dans le vieux cimetière du Village de Juillac.

Le couple n’avait pas d’enfants.

La suite est une longue période d’oubli. Les sciences ont beaucoup évolué depuis dans tous les domaines.

Les connaissances biologiques n’ont cessé de progresser. Les travaux précurseurs de Jeanne vont vite appartenir à un passé révolu.

Sa carrière et son œuvre ne sont plus cités que dans de rares ouvrages.

Sa maison de Juillac et sa tombe sont détruites ; son village l’oublie.

Ce n’est que dans les années 1980 qu’un habitant retraité de Juillac, monsieur Claude ARNAL, entreprend les recherches qui permettront de redécouvrir cette femme remarquable et de lui redonner la place qu’elle mérite dans l’histoire des sciences.

En 1993, l’Aquarium du Limousin ouvre ses portes à Limoges.

L’Aquarium du Limousin ne pouvant que s’intéresser à cette pionnière de l’aquariologie, de surcroît d’origine limousine, va éditer en 1995 un premier document destiné au grand public et au milieu scolaire.

Ce fut le début d’une renaissance.

Une association portant son nom est fondée à Juillac en 2007 sous la présidence d’Anne-Lan, artiste peintre corrézienne réputée pour ses œuvres peintes sur soie.

Cette présidence est justifiée par le fait que Jeanne était, non seulement une femme de science, mais aussi une artiste comme en témoignent quelques rares aquarelles conservées dans les musées.

Jeanne Villepreux : peinture sur soir d’Anne Lan

L’œuvre de Jeanne VILLEPREUX a été présentée dans plusieurs réunions savantes dont le Congrès International de Zoologie à Paris en 2011.

Le roman de sa vie a été écrit par Claude Duneton sous le titre « La dame de l’Argonaute ».

Un congrès international lui a été consacré à Messine et Catane en 2012 sous la présidence d’une savante italienne de notre époque, le professeur Michaela Angelo.

Un grand prix Jeanne VILLEPREUX récompense maintenant chaque année trois jeunes étudiantes en science de la région Limousine.

Elle a désormais l’honneur de figurer officiellement dans la liste des quarante femmes de science de l’histoire sélectionnées par la Commission Européenne.

En 1997, l’Union Astronomique Internationale a donné son nom à un grand cratère de la planète Vénus (où seuls les noms féminins sont admis).

Enfin, les sites internet consacrés à Jeanne Villepreux-Power, dont celui de jeanne-villepreux.org/ , ne cessent de se multiplier dans le monde entier.

Jeanne VILLEPREUX –POWER est sortie de l’oubli pour tenir une place justifiée en tant que première femme scientifique moderne et mère de l’aquariologie.

La Genèse des premiers aquariums

Pour l’étude des organismes marins vivants, les naturalistes utilisaient déjà des vases d’eau de mer ; c’est toutefois Jeanne VILLEPREUX –POWER qui, à partir de 1832, a systématisé l’usage d’aquariums dans lesquels elle s’efforce de maintenir les conditions de vie nécessaires aux  argonautes.

Elle les appelle cages et les présente a l’Académie de Catane qui les dénomme « Gabbioline alla Power ».

Il fallait innover et c’est ce que Jeanne invente et fait en créant, dès 1832, ses “cages à la Power”.

Le mot “aquarium” est apparu plus tard.

Des grandes cages, construites expressément, étaient immergées dans la mer près du Lazzaretto de Messine. Jeanne y plaçait les pensionnaires qu’elle voulait étudier et il y en eu beaucoup de toutes sortes.

D’autres, pensionnaires étaient étudiés à terre dans des réceptacles en verre qui deviendront les fameux aquariums. Assurer pendant plus de dix ans la nourriture de tout ce petit monde vorace a dû être une corvée des plus contraignantes !

Elle tient sa renommée d’avoir été la première à avoir créé et utilisé systématiquement des aquariums pour l’étude du monde marin.

Dans sa démarche expérimentale basée sur l’observation des organismes marins vivants, elle a construit plusieurs types d’aquariums, qu’elle appelait «cages», pour maintenir les conditions de vie nécessaires aux argonautes :

La savante en développe trois variantes :

Une première forme, en verre, est destinée à l’étude en cabinet, elle la destine à la conservation et l’étude des argonautes vivants ;

Un second modèle plus résistant car disposant d’une armature extérieure, est destiné à être tour à tour immerge et émergé, afin de laisser les animaux dans leur milieu tout en ayant la possibilité de les en extraire pour multiplier les observations ;

Enfin, une dernière cage, en bois et de grande dimension, est munie d’ancres pour être fixée au fond tout en laissant émergée sa partie supérieure.

Cette scientifique, honorée à son époque : en 1839, Jeanne sera admise comme membre correspondant de la célèbre « Zoological Society » de Londres, comme de 18 autres académies, très rare honneur pour une femme, a été oubliée et l’on redécouvre seulement maintenant ses nombreux travaux.

« Ces cages avaient 4 mètres de longueur, 2 mètres de hauteur, 1 mètre 10 centimètres de large. Je  laissais entre les barres un intervalle nécessaire pour que l’eau de mer put y circuler librement, sans que le mollusque put en sortir avec sa coquille. Pour consolider ces cages, il y avait à chaque angle un morceau de fer. Une porte s’ouvrait au-dessus de la cage ; deux petites ouvertures avaient été ménagées à droite et à gauche ; de là, je pouvais sans être vue observer mes animaux.

A chaque angle aussi j’avais fixé une ancre afin de la maintenir solidement dans la mer.

J’introduisais dans l’intérieur de cette cage de l’algue, des plantes marines, de petites parties de roches, de petits cailloux, des millipora, des venus, des tritons et d’autres mollusques conchylifères ».

Apres en avoir obtenu l’autorisation administrative, elle implante ces aquariums près du lazaret  de Messine, et y maintient vivants des argonautes pour ses expériences, en leur fournissant un apport nutritif quotidien fait de ≪ mollusques testacés, venus, cytheres, loligo casses, […] pêches expres à l’aide d’un râteau ≫.

Bien que l’endroit fût choisi pour son calme, un important orage brise les cages et les argonautes prennent la fuite. Jeanne Villepreux-Power répare et maintient son dispositif pendant plusieurs mois, jusqu’à parvenir aux observations décisives pour son étude.

 Quelques citations donnent une idée de difficultés rencontrées:     .

* “Pour la réussite de mon projet, j’imaginai des cages (ayant obtenu la permission des autorités); je les plantai dans un bas fond maritime qui est dans le lazaret de Messine, dans un endroit où je pourrais, sans être dérangée, pour – suivre mes observations; ensuite j’y renfermai une quantité d’Argonauta vivants, ayant soin de leur préparer chaque jour la nourriture nécessaire consistant en mollusques testacés, vénus, cythères, loligo cassés, que j’avais pêchés exprès à l’aide d’un râteau(13).

* “J’approchai ma barque de ladite cage, afin d’observer mes poulpes”.

* “Cet animal est très soupçonneux, et aussitôt qu’il s’aperçoit qu’on l’observe, il rentre en un clin d’œil ses membranes dans sa coquille, s’enfuit au fond de la cage ou de la mer, et ne remonte à la surface que lorsqu’il se croit à l’abri de tout danger”.

* “Je me posai souvent deux ou trois heures sur mes cages à observer ce que faisaient mes Argonauta, et c’est ainsi que j’ai pu connaître leurs habitudes”.

* “Puis survint un orage qui brisa mes cages et les Argonautes prirent la fuite”.

* “Je ne pensai jamais à renoncer à mon entreprise, quoique je visse mes essais réitérés n’aboutir à aucun résultat satisfaisant”.

* “Ce ne fut qu’après plusieurs mois que je réussis à éclaircir mes doutes, et à voir en même temps mes recherches couronnées d’un heureux succès”.

* “Quand l’eau était un peu agitée, je la calmais et la faisais devenir comme une glace formant un immense cercle autour de ma barque, avec du sable humide bien mêlé d’huile que je jetais par poignées à droite et à gauche dans l’eau”

Sans vouloir ici trancher aucune question de priorité dans l’invention des aquariums modernes, on peut sans conteste affirmer avec certitude que ces « Gabbioline alla Power » constituent un tournant de tout premier plan dans leur histoire,mais surtout, il convenait de saluer le  travail de cette femme scientifique qui est la pionnière de notre passion.

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REFERENCES

  • http://www.pronatura-france.fr/88-portraits/231-jeanne-villepreux-power
  • http://jeanne-villepreux-power.org/documentation-et-travaux-de-claude-arnal/128-la-bataille-de-l-argonaute-texte-de-claude-arnal-juillet-1995
  • https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/cendrillon-et-la-querelle-de-largonaute-6157.php

Une réflexion sur « Le saviez–vous ? L’Inventeur de l’aquarium est français ! …et, en plus, c’est une femme ! »

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