Darienheros calobrensis – Article n°4 (Conservation & maladies)

Darienheros calobrensis – MEEK & HILDEBRAND, 1913 – ŘICAN & NOVAK, 2016

Le comportement explosif de « Darienheros calobrensis » peut laisser perplexe, de même sa maladie classique propre aux espèces du Sud qu’on ne retrouve chez aucun autre poisson du groupe des fouisseurs.

Pour l’amateur qui se lancera dans la conservation, l’élevage et la reproduction de ce cichlidé peu commun, c’est une véritable expérience et un petit défi aquariophile !

C’est un cichlidé ignoré du mode des aquariophile et même des cichlidophiles pour des raisons variées…

La phylogénétique nous a amené un début d’explication : ce n’est pas un Astatheros mais un Amphilophine.

Par conséquent, il ne faut pas le mettre en petits bacs, d’ailleurs, dans la nature, il dépasse 20 centimètres !

Il existe assez peu de ces poissons en Europe, à l’exception, semblerait-il de l’Allemagne où des couples adultes ont été vus chez des particuliers dont les mâle étaient énormes et très haut de corps, contrairement aux jeunes et aux femelles qui semblaient encore assez élancés.

Bien entendu, les relations de couple chez ces cichlidés étaient aussi très tendues.

Le seul problème de la maintenance de Darienheros calobrensis est de lui trouver des commensaux adaptés car si ces derniers sont trop remuants, Darienheros calobrensis stresse et développe les maladies classiques des espèces de la zone Sud.

Le choix d’un bac spécifique est peut-être quand même la bonne solution avec l’obligation d’exercer  une surveillance permanente pour éviter de n’avoir plus qu’un seul individu à court terme.

Comme il faut s’en douter compte tenu de son origine, cette espèce se portera d’autant mieux que l’eau sera douce.

C’est en outre une très belle espèce et comme le montre les rares photos existantes, il existe des individus très rouges mais il y a aussi des variétés plus bleues.

Darienheros calobrensis n’est pas aussi commun dans le passe-temps que certaines autres espèces du genre (notamment Amphilophus citrinellus).

Il a été considéré comme un membre du genre Cichlasoma pendant un certain temps, avant d’être restauré à sa position d’origine dans Amphilophus.

Cependant, il présente plusieurs caractéristiques qui semblent le différencier de ses congénères.

En conséquence, de nombreux experts ont longtemps pensé qu’il fallait le déplacer dans un genre qui devait lui etre propre.

Ce fut chose faite en 2016 !

ELEVAGE

Les alevins de Darienheros calobrensis grandissent très rapidement dans de bonnes conditions de maintenance.

D’abord, ils sont d’une couleur grisâtre unie, puis ils commencent à changer de couleur à environ 5 à 7 centimètres de longueur.

 

CONSERVATION

Comme l’a révélé tout ce document et les expériences diverses des aquariophiles qui ont maintenu ce type de cichlidé, il est conseillé de garder les Darienheros calobrensis dans des bacs particulièrement  spacieux.

Cela implique que le bac qui sera réservé à ce poisson devra toujours mesurer environ deux mètres de long.

L’eau pourra être plus douce que le biotope moyen d’Amérique centrale compte tenu de son origine  du Panama.

Dans tous les cas, il faudra maintenir une eau parfaitement pure et propre pour éviter les maladies que peuvent attraper ces cichlidés et dont l’issue est souvent fatale.

Comme tous les cichlidés célèbres pour leurs instincts parentaux développés et les soins qu’ils prodiguent à leur progéniture, les Darienheros calobrensis n’échappent pas à la règle.

Cependant, le plus difficile restera leur reproduction car le problème réside dans la relation entre les sexes.

Les mâles élevés seuls, et c’est le plus souvent le cas dans un aquarium domestique, sont extrêmement hostiles envers leurs proches et vers les femelles.

Par conséquent, si une femelle est placée avec directement avec un mâle inconnu, elle sera très probablement tuée bien avant le début de la saison des amours.

Il faut garder en mémoire la méthodologie d’appariement mise en œuvre dans els piscicultures qui utilisent plusieurs dizaines de jeunes poissons sont placés dans un grand réservoir, où ils grandissent ensemble.

À mesure que les Darienheros calobrensis grandissent et vieillissent, les plus faibles sont déplacés s’ils ne peuvent pas rivaliser avec les plus forts.

Les autres se partagent l’espace restant en plusieurs territoires, et, au fil du temps parmi eux se forment naturellement un ou plusieurs couples mâle/femelle, qui pourront à l’avenir donner une progéniture.

 

INTRODUCTION EN DEHORS SON BIOTOPE

Sans objet.

A part le Panama et ses cours d’eau, Darienheros calobrensis n’a été trouvé nulle part ailleurs.

En revanche, compte tenu des activité humaines et industrielles, l’habitat de ce cichlidé se dégrade et fait craindre pour sa survie à moyen terme.

 

ACTIONS DE CONSERVATION

Néant.

 

USAGES HUMAINS

Pêche & consommation locale.

 

MENACE POUR LES HUMAINS

Inoffensif

 

MARCHE AQUARIOPHILE

Faible.

 

STATUT DE CONSERVATION

Statut IUCN

Statut de la Liste rouge de l’UICN (réf. 125652)

Vulnérable (VU); Date d’évaluation : 02 août 2019

 

CITES

Non évalué

 

CMS

Réf. 116361)

 

MALADIES

La déchirure

Ce cichlidé est l’un des Méso-Américains les plus difficiles à garder car il est assez souvent victime d’une maladie commune chez ces poissons qu’on appelle la “déchirure“.

Les causes de cette maladie ont longtemps été entourées de mystère, mais ces dernières années semblent de plus en plus pointer dans une certaine direction en raison de la mise en relation d’expériences passionnées.

Dans ces circonstances d’infection, les animaux semblent peu résistants face à la culture bactérienne présente dans les aquariums car leur résistance naturelle à ces bactéries peut être réduite par une série de facteurs.

La cause principale de la plupart des maladies est liée à des conditions de vie inadaptées et une alimentation de mauvaise qualité.

Les soins de Darienheros calobrensis tournent donc en grande partie autour de l’hygiène de l’eau.

Si les premiers symptômes d’une telle maladie sont détectés, il convient de vérifier immédiatement les paramètres de l’eau et la présence de fortes concentrations de substances dangereuses (ammoniac, nitrites, nitrates, etc.).

Souvent, en guise de traitement initial, il sera simplement nécessaire de ramener rapidement les indicateurs à la normale et ensuite, si le besoin s’en fait vraiment sentir, seulement procéder au traitement médicamenteux.

 

Comment la reconnaître et l’identifier ?

Maladie souvent confondue avec la virose du printemps, elles se caractérisée par des tâches rouges dans la peau.

Ces taches se transforment en abcès et éclatent.

Suite à cela, des ulcères bordés de taches blanches et des abcès éclatés avec un centre rouge apparaissent majoritairement sur les côtés du corps ainsi qu’à la naissance de la queue.

Ensuite, le poisson semble se couper en deux avec une cicatrice verticale au milieu du corps.

Quand la découpe est complète, l’espérance de vie du poisson est très limitée, il faut donc agir avant.

Un gros changement d’eau et un traitement de type antibiotique amène généralement une rémission de quelques mois.  

Ces maladies touchent particulièrement ces espèces quand on les maintient dans de l’eau dure et ne semblent pas se transmettre aux autres.

 

Quelles sont les causes ?

L’érythrodermie des cyprinidés est provoquée par des bactéries (Aeromonas).

Les agents soupçonnés de transmettre la maladie sont, comme pour la virose du printemps, des parasites se nourrissant exclusivement de sang.

La maladie se manifeste principalement en été et en automne.

A noter que les formes d’élevage importées au printemps des pays chauds est souvent la principale cause d’import de cette maladie.

Dans la mesure où la maladie évolue très lentement, il n’est pas rare de penser que les poissons importés sont en bonne santé alors qu’ils présenteront des furoncles rouges qui se manifesteront au bout de quelques semaines.

 

Quelles sont les conséquences ?

Mycoses secondaires des plaies se soldant assez régulièrement par la mort du poisson malade.

 

Comment la reconnaître et l’identifier ?

Présente de nodules et hémorragie généralement accompagné de nageoires dorsales effilochées et adipeuses. Exophtalmie (œil hors de l’orbite).

Au travers de la peau pourra être constaté des nodules remplis de sang et de pus se formant dans les muscles.

Il peut arriver que ces nodules perforent la peau laissant apparaître des ulcères hémorragiques au niveau du flanc, de la bouche, des nageoires, des opercules ou de la papille anale.

A un stade avancé, la maladie peut atteindre les reins, le foie, la rate et autres organes. Il est également sous constaté des branchies pâles (anémies).

Il est à noter que si le germe est absorbé avec les aliment, l’intestin peut-être aisément atteint et la partie terminale de l’intestin pourrait être fortement congestionné : l’anus en devient saillant.

 

Quelles sont les causes ?

Germes du genre Aeromonas[4], à savoir que la pollution organique ou l’eutrophisation des eaux calmes est propice au développement des aeromonoses.

Généralement les causes sont liées à un aquarium mal entretenu, c’est-à-dire possédant une eau sale et mal oxygénée.

 

Quelles sont les conséquences ?

Malheureusement, parfois, la maladie est asymptomatique et aucun symptôme n’est réellement identifiable.

Les poissons meurent en grand nombre et sans explication.

 

Comment la traiter ?

En prévention, un entretien irréprochable de l’aquarium et rétablissement d’un brassage et d’une aération adéquate sont les meilleures options.

En mode curatif, le recours à divers antibiotiques disponibles sur le marché est possible.

Le traitement s’opère généralement en bac hôpital avec une qualité de l’eau irréprochable et ce, pendant toute la durée du traitement.

Parallèlement, il faudra veiller à apporter des vitamines et une alimentation riche aidera le poisson malade à se rétablir.

Avant réintroduction du poisson infecté et désormais guéri, il faudra veiller à désinfecter totalement le bac ou le bassin d’origine.

En toutes circonstances, il faut cependant savoir que la résistance naturelle à ces bactéries peut être réduite par une série de facteurs faciles à mettre en œuvre au niveau de l’aquariophile.

Pensez :

  • au stress occasionné aux poissons à cause de l’environnement immédiat de l’aquarium ;
  • aux dommages causés à la membrane muqueuse ;
  • à la présence d’un virus.

 

Comment parvenir à maintenir de bonnes conditions de vie pour ces poissons ?

Dans le cadre de tout ce qui précède, il convient de loger les animaux de manière spacieuse.

Cela signifie qu’un bac de moins de deux mètres n’est pas adapté à ces animaux.

Maintenir une température  de l’eau entre 26 – 28°C., le PH ne devra pas se situer au-dessus du neutre.

Compte tenu de l’origine Panaméenne de Darienheros calobrensis, l’eau peut être un peu plus douce que pour un cichlidé originaire de l’Amérique centrale moyenne.

Il faut impérativement procéder comme suit :

  1. Maintenir une faible densité de poissons dans leur bac ;
  2. Éviter les matériaux de décoration organiques tels que le bois ;
  3. Ne pas hésiter à surfiltrer ;
  4. Effectuer des changements d’eau réguliers et généreux.

Eventuellement, une lampe UV pourrait également offrir une solution de secours ou pendant une phase de traitement de la maladie : Son emploi n’est cependant pas nécessaire dans le respect des règles énoncées ci-dessus.

Dans le cas où il n’aurait pas été possible de prévenir et empêcher la maladie malgré les précautions mentionnées, le recours à un traitement à base de métronidazole est possible.

 

Les autres maladies

Concernant la classique maladie du gros ventre, si les traitements préventifs et curatifs sont toujours les mêmes (température au-dessus de 27°C, nourrissage aux paillettes lors de l’acclimatation et utilisation de Métronidazole ou de ses dérivés).

Il semble qu’elle touche énormément des poissons qui se nourrissent en fouillant le sol (donc avec souvent du sable et autres ballasts lorsqu’on analyse les contenus stomacaux des poissons sauvages) ou en grignotant à longueur de journée et qui souvent en aquarium sont nourris trop richement et grassement ce qui déclenche souvent ce fameux gros ventre.

On a d’ailleurs plus de problèmes avec la nourriture « maison » qui est souvent complètement déséquilibrée ou bien trop riche pour les espèces cherchant leur nourriture dans le sol.

En période de reproduction, pour les reproducteur, l’utilisation de bacs spécifiques est vivement recommandé en même temps qu’une nourriture adaptée.

Les Darienheros calobrensis ne sont pas forcément plus timides que les autres ni plus fragiles mais nécessitent une nourriture particulière qui ne permet pas de les mélanger avec des goinfres.

Dans bien des cas, les paillettes (de qualité suffisante – 40% de protéines + vitamines) sont la moins mauvaise des nourritures de substitution à utiliser en continu et en exclusivité pour ces espèces de cichlidés.

 

REFERENCES

ŘICAN, O., PIALEK, L., DRAGOVA, K. & NOVAK, J. (2016) : Diversité et évolution des cichlidés d’Amérique centrale (Teleostei : Cichlidae) avec classification révisée. Zoologie des vertébrés, 66 (1) : 1-102.

FROESE, RAINER & PAULY, DANIEL, éd. (2018). ” Darienheros calobrensis ” dans FishBase . Version juin 2018.

Christopher SCHARPF & KENNETH J. LAZARA (22 septembre 2018). “Ordre CICHLIFORMES : Famille CICHLIDAE : Sous-famille CICHLINAE (dw)”. La base de données d’étymologie des noms de poissons du projet ETYFish. Christopher SCHARPF et Kenneth J. LAZARA. Consulté le 10 novembre 2018 .

MEEK, Seth Eugene et SF HILDEBRAND. 1913. “Nouvelles espèces de poissons du Panama”. Muséum d’Histoire Naturelle de Champ. Publication 166 ; Zoologie série 7 (3).

BUSSING, WILLIAM & M. MARTIN. 1975. “Statut systématique, variation et distribution de quatre cichlidés d’Amérique centrale appartenant au groupe d’espèces Amphilophus , genre Cichlasoma “. Musée d’histoire naturelle Contributions du comté de LA de la science. N° 269.

JORDAN, DAVID STARR & BW EVERMANN & HW CLARK. 1930. “Liste de contrôle des poissons et des vertébrés ressemblant à des poissons d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale. Annexe X”. Rapport du commissaire américain aux pêches.

KULLANDER, Sven. 1996. “Héroïne isonyctérine, une nouvelle espèce de cichlidés d’Amazonie occidentale, avec des commentaires sur la systématique des cichlasomines”. Ichthyological Explorations of Freshwaters. v. 7 (n. 2).

KULLANDER, SO (2003) Cichlidae (Cichlids). Dans RE Reis, SO KULLANDER & CJ FERRARIS, Jr. (eds.) Liste de contrôle des poissons d’eau douce d’Amérique du Sud et centrale. Porto Alegre : EDIPUCRS, Brésil.

 

AUTRES LIENS

https://www.cichlidsforum.fr/viewtopic.php?f=28&t=35353&hilit=Darienheros+calobrensis

 

LEXIQUE

[1] La Terra typica (abrégé terr. typ. , latin ‘pays typique’), également localité type ou Locus classicus, est la zone d’où provient le type d’une espèce.

Le type est un individu sélectionné qui forme la base d’une première description scientifique en biologie.

La terra typica ne doit pas nécessairement correspondre à la région dans laquelle l’espèce est particulièrement commune, il peut aussi s’agir d’une zone atypique ou d’une zone périphérique de l’aire de répartition.

L’emplacement du spécimen type, peut être donné par des descriptions de lieu, une cartographie raster et des coordonnées géographiques.

En revanche, la localisation du type désigne la collection dans laquelle le spécimen est conservé à des fins de recherche.

 

[2] Le río Bayano ou río Chepo est un cours d’eau de l’est du Panama, qui arrose notamment la province de Panama et la comarque Kuna de Madugandí.

Long de 206 km, il prend sa source dans la cordillère de San Blas et se jette dans le golfe de Panama (océan Pacifique).

Le río Bayano est le troisième plus long cours d’eau du pays, après le rio Chucunaque et le rio Tuira.

Ses principaux affluents sont les rivières Mamoni, Ipetí Chararé et Maje. En 1976, son cours a été barré par une barrage hydroélectrique pour former le lac Bayano.

Son nom vient de Bayano, un Noir en fuite qui vécut dans cette région au xvie siècle.

 

[3] Les Enchytrées appartiennent à la branche des Annelida, animaux vermiformes à segments qui vivent essentiellement dans l’eau douce ou de mer, mais aussi dans des milieux en décomposition.

Deux espèces sont couramment cultivées en aquariophilie :

  • Les Enchytraeus buchholzi ou ver de Grindal ;
  • Les Enchytraeus albidus.

 

[4] Le genre Aeromonas regroupe des bactéries de la classe des Gammaproteobacteria appartenant à la famille des Aeromonadaceae.

Ce sont des bacilles droits à extrémités arrondies, à coccoïdes, à coloration Gram négatif, mobiles, anaérobies facultatifs, chimioorgano-hétérotrophes, oxydase positive et catalase positive.

Quelques souches d’Aeromonas sont responsables de gastroentérites et d’infection de plaies chez l’être humain, et de nombreuses espèces vivantes peuvent être infectées par ces bactéries.

Le réservoir des Aeromonas dans la nature est dulçaquicole : la bactérie est présente dans les eaux douces et notamment dans les eaux d’égout, les sédiments anoxiques.

Les Aeromonas sont donc sans surprise retrouvées chez de nombreux animaux aquatiques ou des zones humides comme les sangsues, les grenouilles, les poissons, les reptiles, les oiseaux ou les moustiques (en particulier les chironomes dont les larves, utilisées par les pêcheurs sous le nom de “vers de vase”, se développent dans le sédiment) qui peuvent contaminer les réservoirs d’eau potable notamment si leur eau est eutrophe et susceptible de nourrir d’importantes populations bactériennes) et indirectement divers aliments.

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