Histoire de l’Aquariophilie au XVII ème siècle

Histoire de l’Aquariophilie au XVII ème siècle.

L’Aquariophilie n’est pas vraiment née, au moins telle qu’on l’entend à nos jours, les prémices sont là et les bases sont posées.

Les siècles et millénaires passés ont montré une chose, au moins : l’engouement des hommes pour les poissons à des fins autres que nourricières est bien présent et réel.

Conserver des poissons hors de leurs milieux naturels, qu’ils soient salins ou d’eau douce n’est pas une chose aisée, cela demande des moyens matériels et « financiers » qui ne permettent pas d’en faire une attractivité appelée aujourd’hui : Loisir.

Le 17ème siècle : Naissance de la science moderne…

Auparavant, MONTAIGNE, en 1580, avait admiré à Augsbourg dans le jardin d’une (les maisons de campagne (les célèbres banquiers allemands de Charles-Quint, FUGGER, un vivier qu’il décrit avec enthousiasme et qu’il appelle un « grand gardoir à poissons ». Il ajoute :

« Cependant que les dames s’amusent à voir évoluer ces poissons, on lâche quelques ressorts et soudain de toutes sortes de pointes s’élance de l’eau menue et froide jusqu’à la tête d’un homme, remplissant aussi les cotillons des daines et leurs cuisses de cette fraîcheur. »

Vers la même époque, Pierre BELON du MANS (1517-1564), apothicaire du cardinal de Tournon, grand voyageur et naturaliste avait fait paraître sa « Théorie des poissons ».

Il contient 186 figures gravées sur bois, dont celles des monstres marins et du fameux « Pourtraict de la teste d’un Saulmon femelle ».

On attribue l’illustration à Pierre GOURDELLE, qui a également réalisé celle de l’Histoire de la nature des oiseaux, publiée la même année par Pierre BELON.

 

Cet ouvrage est, avec celui de RONDELET, le premier traité d’ichtyologie scientifique, apportant d’authentiques observations qui ne soient empruntées à Aristote ou à Pline.

Véritable pionnier en embryologie, BELON relance les études sur la structure anatomique des poissons, et défend la représentation réaliste des animaux à des fins d’enseignement et d’identification.

On retrouve cependant, tout comme dans l’ouvrage de RONDELET paru à la même époque, la représentation de monstres marins, dont celle, fameuse, d’un monstre qui a l’aspect d’un moine.

Belon propose aussi une classification des animaux aquatiques, qui inclut les poissons à proprement parler, mais aussi les mammifères, dont les cétacés, les céphalopodes, les coquillages, les crustacés.

Bien qu’il décrive environ 110 espèces de poissons, on trouve également dans cet ouvrage des représentations de baleine, d’otarie, d’hippopotame, de loutre, ainsi que des crustacés, une anémone et même ….un caméléon !

Belon ouvrait une nouvelle voie à la science. Beaucoup de ses observations ont été reconnues exactes par les recherches ultérieures.

Il y avait au domaine de Chantilly, près du pavillon dit la Maison de Sylvie, un bassin aménagé par HENRI DE MONTMORENCY qui renfermait des « carpes dorées et argentées ».

Lors d’une visite qu’y fit un peu plus tard un ambassadeur d’Angleterre, un poète anonyme décrivait ainsi les beautés de ce vivier :

« Ces étangs d’où l’on voit de monstrueux poissons, Truites, carpes, brochets, dont l’écaille azurée imite du pigeon la gorge colorée ».

En Europe, les premiers poissons rouges parurent en Angleterre dans l’année 1611, mais furent considérés comme de véritables phénomènes.

Quelques-uns passèrent au Portugal et c’est alors que le savant médecin allemand Engelbert KAMPFER (1651-1716) signala la présence en Chine et au Japon de ce fameux poisson à queue dorée que l’on pouvait considérer comme un animal domestique.

Presqu’en même temps, le Père Jésuite Du HALDE, en donnait la première description fidèle. Dans son livre en quatre tomes « Description de la Chine », parti à Paris en 1735, il parle du « Kin Yu » (c’est le nom chinois de la « dorade » ou poisson rouge), des étangs et des viviers où les seigneurs du pays élèvent leurs poissons et les nourrissent eux-mêmes.

Il mentionne que les poissons rouges mouchetés d’or et les argentés tachetés de rouge sont les plus estimés.

Il vante leur agilité, leur vivacité mais aussi leur sensibilité à l’égard des changements de température et des chocs subis par leur récipient.

Il célèbre la docilité de poissons si bien dressés qu’à l’appel d’un claquoir ou d’un gong, ils accourent si loin soient-ils pour chercher leur nourriture.

Ce qui étonne le plus le Père Jésuite Du HALDE, c’est que les poissons rouges puissent demeurer tout l’hiver sans manger dans un bocal de porcelaine et que le printemps venu ils se retrouvent tout gaillards lorsqu’on les remet dans leurs étangs…

 Mais l’élevage des poissons d’ornements ne commencera véritablement qu’au XVI ème siècle, et tout d’abord par le Japon, en sélectionnant des espèces qui sont élevés et conservés vivants dans des vases, des jattes, puis des bassines, avant de passer à des plans d’eau de plus en plus grandes capacités et structurés en jardin japonais.

En 1665, PEPYS note dans son journal : « On nous montra à ma femme et à moi, une ravissante rareté : les poissons élevés dans des verres d’eau et appelés à y demeurer à jamais ; étant exotiques ils sont ornés de ravissants motifs. Il est impossible de deviner l’espèce à laquelle ils appartenaient et s’il s’agissait ou non de poissons tropicaux ».

En 1643 des Jésuites s’installèrent à Hangzhou. Ils firent bâtir des églises et s’intéressèrent de près à l’élevage local de poissons rouges. Un dénommé « MARTINI » s’y intéressa particulièrement.

En voyage en Hollande il apporta avec lui 10 poissons rouges de divers types.

La notoriété du Carassius auratus est telle que la conception d’une partie du mobilier de la haute aristocratie est inspirée de la physionomie des poissons rouges.

Durant cette période, le poisson rouge est synonyme de prospérité, de bonne chance et de fortune.

Son motif est largement répandu dans les soieries, les céramiques et les sculptures.

C’est surtout pendant la dynastie des Ming (1368-1644) que de nombreuses nouvelles variétés sélectionnées du Carassius auratus sont créées.

L’empereur WANLI est connu pour être un fin connaisseur de poissons rouges.

Un des tous premiers bocaux à poisson rouge est installé au palais de la dynastie Ming.

Le développement par la suite de l’élevage en intérieur a permis la création et le maintien de nouvelles variétés plus fragiles.

A cette période apparaissent les premiers spécimens de poissons à double queue ainsi que les premières variétés aux yeux ‘télescopes’.

Les japonais prennent connaissance de l’existence du poisson rouge autour de 1200.

Le début de son introduction sur l’archipel surgit quelques décennies plus tard à l’époque de Muromachi (1336-1573).

En 1502, un premier lot de poisson rouge est officiellement expédié au Japon par la dynastie Ming.

Les premières piscicultures japonaises sont lancées au début de l’époque d’Edo (1600-1863).

A cette époque, le maintien d’un poisson rouge en aquarium reste un luxe réservé à une élite.

Un riche marchand, YODO YA TATSUGORO décide de développer la propagation du poisson rouge comme animal de compagnie chez les gens ordinaires.

Les formes de vente sont étoffées avec, entre autre, la possibilité de pêcher son poisson. Une tarification officielle est instaurée.

L’expansion du poisson rouge durant toute cette période est fulgurante. Un certificat d’élevage est créé avec un certain nombre de règles concernant sa nutrition et son maintien.

Les premiers élevages dans la population modeste ont lieu dans la fameuse boule en verre mais également dans des poteries, des baignoires ou encore des «braséros».

Prenons par exemple le chauffage, il se fait avec des bougies, qui sont appelées veilleuses, l’aquarium quant à lui est placé à côté d’une fenêtre pour profiter de la lumière du jour, quant à la nourriture, ce seront des insectes vivants (daphnies) qui doivent être récoltés dans des mares du coin.

Les premiers poissons rouges expédiés en Europe arrivent au Portugal en 1611, date à laquelle les premiers élevages européens sont lancés.

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