Pérou, les poissons du District de Jenaro Herrera

Le mot de l’auteur

Comme je maintiens diverses espèces de cette région, je me suis intéressé à ses caractéristiques, et peu à peu, j’ai réuni de quoi constituer un mini-dossier sur ce district péruvien.

C’est au 16ème siècle que les espagnols de Pizzaro découvrirent le Pérou des incas, incas qui furent rapidement balayés par les conquistadores.
Aujourd’hui, le Pérou comprend 30 millions d’habitants, dont un tiers résident dans la capitale, Lima.
Le Pérou est grand comme deux fois la France, et plus de 70% de sa surface est une jungle dense, à l’est de la cordillère des Andes.

Carte du Pérou

Cette jungle, de type amazonienne, dissimule encore de nombreux secrets, et la présence d’indiens bravos, c’est-à-dire sans contact avec les péruviens, n’est pas des moindres.

Bien que comme partout le progrès rogne peu à peu sur la forêt, on estime que subsistent encore une quinzaine de tribus sans aucun contact avec la « civilisation », citons parmi celles-ci les Cacataibos, les Isconahua, les Matsigenka, les Mashco-Piro, les Mastanahua, les Murunahua (ou Chitonahua), les Nanti et les Yora.

La partie Est du pays, la jungle donc, est encore très peu peuplée, avec par exemple 2,4 habitants par km2 dans la région de Loreto, au nord-est, et 1,3 habitants  par km2 dans la région de Madre de Dios.

Les anciens départements du Pérou ont été transformés en régions, ce qui peut générer une confusion dans la localisation.
Dans cette fiche, c’est la région de Loreto qui nous intéresse, de  loin la plus grande, au nord-est, recouvrant une partie de la jungle péruvienne.

Emplacement de la région de Loreto

La capitale régionale est Iquitos, essentiellement accessible par avion et  bateau.
C’est dans le Loreto que se trouve le Parc national de la Sierra del Divisor, l’un des plus grands parcs nationaux mondiaux.

Le district qui nous intéresse ( un district est la plus petite division administrative au Pérou) est Jenaro Herrera, souvent orthographié Gennaro Herrera.
C’est la première orthographe qui est la bonne, le district tirant son nom de la ville de Jenaro Herrera, ainsi nommée en mémoire de Ernesto Herrera Torres Jenaro, écrivain et avocat.

C’est l’un des 11 districts de la Province de Requena, située dans la région de Loreto.
La capitale éponyme du district est située sur les bords du río Ucayali, qui provient bien évidemment de la Cordillère des Andes.

Le rio Ucayali

Jenaro Herrera est situé en amont de la confluence du rio Ucayali et du rio Maranon, qui iront ensuite alimenter l’Amazone.

Carte de Jenaro Herrera

Le district est situé au sud de la Réserve nationale Allpahuayo  Mishana, qui protège de nombreuses richesses, qu’il s’agisse de la faune ou de la flore.

A l’ouest, c’est l’immense réserve nationale Pacaya Samiria qui borde Jenaro Herrera.

A noter, ces deux réserves sont visitables, et il est possible d’y loger.

Les poissons constituent une base alimentaire importante dans cette partie du Pérou, et on y rencontre, plus au nord vers Iquitos, des sites de pêche sportive.

Gamitana

Tucunare

Recenser les poissons du district est un véritable casse-tête. 

Notons que de plus, l’ensemble de la région comprend plus de 300  espèces endémiques, dont une bonne partie est constituée de poissons maintenus en aquariophilie.

La majeure partie des exportations s’effectue vers les USA et l’Asie, la France représente 2% du total des exportations (6% pour l’Allemagne).
Hélas, pour des raisons alimentaires, les Tilapia ont été introduits au Pérou, et leur croissance est exponentielle, toutefois moins dans le Loreto que dans les autres régions.

Le biotope

Eau blanche : visibilité faible, du fait des minéraux et sédiments  dissous dans l’eau. Fréquemment il n’y a que du bois et des feuilles mortes. L’eau blanche affiche souvent les valeurs suivantes :
pH  compris entre 6.2 et 7.2
kH  compris entre 0.2 et 0.4
GH  inférieur à 1°

Eau claire : peu de sédiments dissous, donc meilleure visibilité, l’eau provient de massif montagneux.  Nombreuses roches, dépourvue de végétation.
Le pH est compris entre 4.5 et 7.8
Le kH est inférieur à 0.3
La dureté totale, GH est comprise entre 0.3 et 0.8°

Eau noire : eau colorée et chargée de tanins ainsi que de divers acides humiques dus à la décomposition des feuilles et branches d’arbres, un exemple : le Rio Negro. Les rivières coulent sous le couvert des arbres, et comme elles reçoivent peu de lumière et que l’eau est acide et faiblement minéralisé, elles sont généralement dépourvues de végétation. L’eau est transparente, bien que de couleur thé. Les poissons se cachent dans les racines des grands arbres, et dans les branchages tombés. 
Le pH est compris entre 3.8 et 4.7
Le kH est non-mesurable (faible quantité de carbonates)
La dureté totale : 0.1° GH
Les eaux noires se rencontrent le plus souvent au nord du bassin amazonien, les eaux blanches à l’ouest, et les eaux claires à l’est, mais c’est bien évidemment une généralité souffrant d’exceptions.

Les rios les plus représentatifs, et fréquemment cités, sont :
Eaux noires : Rio Negro, le Rio Abacaxis, le haut Rio Trombetas et le haut Rio Nhamunda.
Eaux blanches : Rio Solimoes, le Rio Amazonas, le Rio Madeira et le Rio Branco.
Eaux claires : Rio Tapajós, le rio Xingu, le rio Guaporé et le Rio Tocantins.

Pour la région qui nous intéresse, Jenaro Herrera, le cours d’eau principal est l’Ucayali.

Ce Rio coule sud-nord, en provenance de la région de l’Ucayali, rejoignant le Rio Maranon, pour constituer la source principal de l’Amazone.
Le Rio Ucayali provient de la confluence du Río Tambo et du Río Urubamba à la hauteur d’Atalaya.

Ces deux derniers Rios viennent des Andes, et plus précisément du système glaciaire andin.

Mais le Tambo et l’Urubamba parcourent plus de 800 kms en forêt avant de créer l’Ucayali.

Ce dernier a de nombreux affluents, fréquemment en provenance des Andes, qu’il longe du sud au nord.

 L’Ucayali.

Le bassin de L’Uacayali est complexe, avec d’innombrables îles sur le cours principal, des affluents d’origine diverses, et de nombreux bras morts.

C’est bien souvent dans ces derniers, riches en eaux noires, que nous allons trouver des espèces de cichlidés, soit endémiques, soit répandues sur de plus vastes biotopes.

De manière générale, les biotopes abritant des cichlidés dans cette région vont se caractériser par l’absence de plantes aquatiques, avec par contre beaucoup de plantes flottantes (je mets des lentilles d’eau dans mes bacs, afin de filtrer la lumière, mais attention , il convient de prévoir leur ramassage régulier, tant l’expansion est rapide)

Le substrat est sablonneux, souvent de sable blanchâtre et très fin ( important pous la conservation des apistos), avec du limon le recouvrant, et sur ce limon, des couches importantes de feuilles et de brindilles (bien sûr, j’utilise de la catappa)

Pas ou peu de roches, dans le milieu naturel, et cela va de soi, les racines immergées sont nombreuses.

Toutefois, d’autres familles sont représentées dans ce biotope, bien évidemment, et nombre d’espèces sont également endémiques.
Etablir une liste précise des 5000 espèces qui vivent au Pérou (espèces connues à ce jour !) voir même des 1800/2000 endémiques serait fastidieux, et inutile.

D’innombrables Characidés, des Callichthyidae également..

Planète Catfish a  une longue liste d’autres poissons-chats , et notamment des espèces du bassin du Rio Ucayali.

Pour les cichlidés, je suis parti de la base solide que constitue le livre «  Cichlids fishes of the Amazon drainage of Peru », de Sven Kullander, publié en 1986, que j’ai actualisé bien évidemment.

Bien sûr, impossible de citer les cichlidés du Pérou sans évoquer Patrick de Rham, que Kullander cité à différentes reprises.
A cette époque, Kullander parle de 55 espèces de cichlidés présentes au Pérou.

Il va de soi que ceci évolue sans cesse, par exemple en octobre de cette année, deux nouvelles espèces d’apistos ont été découvertes dans le Loretto.

Kullander avait en effet noté la présence intéressante de ces cichlidés endémiques, et je vais tenter d’insister plus particulièrement sur le bassin de l’Ucayali, et de la région de Jenaro Herrera.


Le port de Jenaro Herrera.

Cichlidés a priori endémiques.

Genre : Aequidens Espèce : patricki, endémique d’une zone limitée aux rivières Rio Aguaytía et Rio Pachitea ( cf fiche sur cet Aequidens sur le forum)
Genre : Aequidens Espèce : sp. Jenaro Herrera, bassins Ucayali et Nanay,secteur du bas Ucayali (cf fiche sur cet Aequidens sur le forum)
Genre : Andinoacara Espèce : stalsbergi, biotope : les rivières et les lacs trans-andins de la côte Pacifique.
Genre : Apistogramma Espèce : allpahuayo, Rio Nanay
Genre : Apistogramma Espèce : amoena, Río Ampiyacu dans le bassin du Rio Amazonas.
Genre : Apistogramma Espèce : atahualpa, Rio Nanay
Genre : Apistogramma Espèce : baenschi, Rio Shanushi, dans la zone inférieure du bassin du Rio Huallaga
Genre : Apistogramma Espèce : barlowi, bassin du Río Ampiyacu
Genre : Apistogramma Espèce : cinilabra, 78 Km au sud d’Iquitos, entre Iquitos & Nauta, 4°00’46”.2″S, 7327’47.7″W,lacs et étangs
Genre : Apistogramma Espèce : eremnopyge, Rio Pintuyacu, un affluent du Rio Itaya près 
d’Iquitos
Genre : Apistogramma Espèce : feconat, Rio Pucacuro, district de Loretto
Genre : Apistogramma Espèce : Huascar, Rio Nanay
Genre : Apistogramma Espèce : nijsseni, Río Carahuayte et Río Yavarí, affluents du Río Ucayali
Genre : Apistogramma Espèce : ortegai, petits cours d’eau affluents de la rivière Ampiyacu près de Pebas
Genre : Apistogramma Espèce : panduro, Río Tahuayo et Río Tamshiyacu, bassin du Río Ucayali 
(cf fiche sur cet Apistogramma sur le forum)
Genre : Apistogramma Espèce : paulmuelleri, Rio Quebrada, entre Iquitos et Nauta
Genre : Apistogramma Espèce : sp Alto Tapiche, Rios Ucayali et Tapiche
Genre : Apistogramma Espèce : urteagai, bassin du Rio Madre de Dios
Genre : Apistogramma Espèce : wolli, Origine : Cabo Pontoja,district de Loretto
Genre : Bujurquina Espèce : apoparuna, Rio Ucayali
Genre : Bujurquina Espèce : cordemadi ; Madre de Dios
Genre : Bujurquina Espèce : eurhinus, ville de Pilcopata, partie supérieure du Madre de Dios, Parc national de Manu, Rio Colorado et rio Marcapata
Genre : Bujurquina Espèce hophrys,   Rio Pachitea et Rio Aguaytía , Bassin supérieur du Rio Ucayali
Genre : Bujurquina Espèce : huallagae, Rio Huallaga, un affluent du río Marañón,près de la ville de Tingo Maria, et  à Tarapoto (sur le rio Shilcayo ?)
Genre : Bujurquina Espèce : labiosa, Rio Chinipo  bassin supérieur du Rio Ucayali  
Genre : Bujurquina Espèce : megalospilus,   Rio Pachitea et Rio Aguaytía , Bassin supérieur du Rio Ucayali
Genre : Bujurquina Espèce moriorum, Rio Quebrada Carahuayte,bassin de l’Ucayali,et dans la région de  Mazam au bord du Rio Napo 
Genre : Bujurquina Espèce : ortegai,   Rio Mayo, bassin du Rio Huallaga
Genre : Bujurquina Espèce : robusta, Rio Chinipo  bassin supérieur du Rio Ucayali  
Genre : Bujurquina Espèce : syspilus, Rio Pacaya, bassin du Rio Ucayali, et Rio Yavarí
Genre : Bujurquina Espèce :tambopatae, Rio Tambopata (bassin Río Madre de Dios). 
Genre : Crenicichla Espèce :Anthurus, Rios Ucayali, Huallaga (affluent du Río Marañon), Putumayo, Napo et Amazone (au Pérou). 
Genre : Tahuantinsuyoa Espèce : macantzatza, Rio Aguaytía, dans le Haut Ucayali


Apistogramma allpahuayo


Bujurquina peregrinabunda,photo A.Stalberg


Crenicichla anthurus

Cichlidés non-endémiques

Genre : Acarichthys Espèce : heckelii
Genre : Acaronia Espèce : nassa
Genre : Aequidens Espèce : diadema
Genre : Aequidens Espèce : tetramerus
Genre : Andinoacara Espèce : rivulatus
Genre : Apistogramma Espèce : agassizii (cf fiche sur cet Apistogramma sur le forum)
Genre : Apistogramma Espèce : aguarico
Genre : Apistogramma Espèce : bitaeniata
Genre : Apistogramma Espèce : cacatuoides (très présent dans le bassin de l’Ucayali)
Genre : Apistogramma Espèce : cruzi
Genre : Apistogramma Espèce : eunotus
Genre : Apistogramma Espèce : juruensis
Genre : Apistogramma Espèce : luelingi
Genre : Apistogramma Espèce : moae
Genre apistogramma Espèce : rubrolineata
Genre Apistogrammoides Espèce : pucallpaensis ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Astronotus Espèce : crassipinnis
Genre : Astronotus Espèce : ocellatus
Genre : Biotodoma Espèce : cupido
Genre : Bujurquina Espèce : peregrinabunda
Genre : Chaetobranchus Espèce flavescens
Genre : Cichla Espèce : monoculus
Genre : Cichlasoma Espèce : amazonarum
Genre : Cichlasoma Espèce boliviense
Genre : Cichlasoma Espèce : festae
Genre : Crenicara Espèce : punctulatum ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Crenicichla Expèce : cincta
Genre : Crenicichla Espèce :cyanonotus
Genre : Crenicichla Espèce :johanna
Genre : Crenicichla Espèce : lucius
Genre : Crenicichla Espèce : proteus ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Crenicichla Espèce : reticulata
Genre : Crenicichla Espèce : sedentaria ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Geophagus Espèce : proximus ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Heros  Espèce : efasciatus
Genre : Hypselecara Espèce : temporalis ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Laetacara Espèce : flavilabris
Genre : Laetacara Espèce : thayeri
Genre : Mesonauta Espèce : festivus
Genre : Mesonauta Espèce : mirificus
Genre : Pterophyllum Espèce : scalare
Genre :Satanoperca Espèce :jurupari ( se rencontre dans l’Ucayali)
Genre : Symphysodon Espèce : aequifasciatus

Cette liste n’est sans doute pas complète, et qu’elle sera obsolète au fur et à mesure de la découverte de nouvelles espèces. 

Ce qui est frappant en consultant cette liste c’est l’hyper représentativité de certains genres, comme Bujurquina, par exemple.

Dans les endémiques, on relève 2 Aequidens, 1 Andinoacara, 16 Apistogrammas, 12 Bujurquina, 1 Crenicichla et l’oiseau rare, 1 Tahuantinsuyoa.
Dans les non-endémiques, j’ai noté : 1 Acarichthys , 1 Acaronia , 2 Aequidens ;1 Andinoacara ; 10 Apistogramma, Genre 1 Apistogrammoides , 2 : Astronotus, 1 : Biotodoma , 1Bujurquina ; 1Chaetobranchus , 1Cichla, 2 Cichlasoma , 1 Crenicara, 7 Crenicichla, 1 Geophagus, 1 Heros, 1 Hypselecara, 2 Laetacara, 2 Mesonauta, 1 Pterophyllum, 1 Satanoperca, et 1 Symphysodon.
Soit 74 espèces.

En faisant un mini-organigramme, on obtient donc : Pérou > Loretto, Ucayali, et enfin Jenaro Herrera.

Inutile de revenir sur les conditons générales de maintenance des espèces issues de ce biotope, mais attention aux Bujurquina, qui bien souvent présentent des conditions de maintenance assez différentes.

Pour les espèces du biotope Jenaro Herreara, si l’on souhaite respecter ce biotope, on peut les maintenir en bac communautaire avec Corydoras panda et Corydoras trilineatus, qui se trouvent dans l’Ucayali.

Brochis multiradiatus sera également un compagnon sensiblement du même biotope.

Toujours chez les siluriformes, Ancistrus. Rio Ucayali porte un nom qui me dispense de tout commentaire.

Chez les Plecos, Panaqolus albivermis fera très bel effet.

Parmi les tetras de l’Ucayali, on trouve Hyphessobrycon frankei, Hyphessobrycon loretoensis, Hyphessobrycon peruvianus.

Plus commun, Paracheirodon innesi ne sera pas dépaysé non plus. Nannostomus trifasciatus serait également à son aise.


Panaqolus albivermis

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Uaru
  
 

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