The Dry Start Method ou Méthode WALSTAD

Les aquariophiles se plaignent souvent de la phase de démarrage des aquariums plantés.

Ils ont souvent des problèmes d’algues, certaines plantes ne s’enracinent pas bien, plusieurs grands changements d’eau nécessaires, la masse végétale est insuffisante et n’est pas assez verdoyante, s’impose la nécessité d’attendre que les plantes poussent plutôt que d’acheter un grand nombre de plantes dès le début (raisons économiques) …

Bref, la liste est longue des soucis posés : Tous les aquariophiles savent que la réussite de cette phase de démarrage a une grande influence sur le devenir de l’aquarium dans les mois qui suivent pour arriver au résultat des grands maitres.

Il existe une méthode pour s’éviter pas mal des problèmes évoqués précédemment : The Dry Start Method (DSM)

ou

Méthode de démarrage à sec.

Cette méthode n’est pas nouvelle, mais elle redevient à la mode, notamment sous l’impulsion des disciples de Diana WALSTAD.

Elle est aussi largement utilisée pour la production de plantes d’aquarium dans l’industrie.

Diana WALSTAD

La méthode est décrite dans le livre “Ecology of the planted aquarium

De quoi s’agit-il vraiment ?

La méthode part simplement de la constatation que la grande majorité des plantes de nos aquariums ne sont pas purement aquatiques, mais plus souvent des plantes aériennes de milieu humide capables de s’adapter à l’environnement aquatique.

Les plantes vont donc être cultivées dans un aquarium sans eau durant quelques semaines. Elles bénéficient alors de ce que l’on appelle l’avantage aérien, à savoir une quantité illimitée de CO2 et des échanges gazeux facilités au niveau des feuilles.

La luminosité est aussi plus importante puisque la lumière n’est pas filtrée par l’eau. Il en résulte une croissance plus rapide des plantes.

Principalement, c’est donc un aquarium naturel planté densément, ayant un sol riche avec une sous-couche de terreau fait maison.

Le but étant de favoriser au maximum la croissance des plantes.

Le substrat à base de terreau favorise aussi l’installation des bactéries dénitrifiantes, ce sol offre un espace de colonisations 50 fois supérieurs à celui d’un substrat simple à base de sable.

 

Les principes

Fournir un écosystème où les plantes et les poissons équilibrent les besoins de chacun. La sous-couche du substrat doit permettre aux plantes de se développer convenablement pour supplanter les algues et recycler les déchets des poissons en éliminant les toxines (l’ammoniaque, nitrites, etc.).

Un sol pauvre ne permet pas aux plantes de faire leur travail.

Le but est donc d’obtenir une bonne croissance des plantes en observant ces règles :

  • Pas d’injection de CO2 ;
  • Pas ou peu d’algues ;
  • Pas besoin d’engrais ;
  • Fournitures d’éléments trace pour la santé des poissons ;
  • Environnement stable pour les poissons ;
  • Pas de nettoyage du substrat ;
  • Pas de changements d’eau fréquents une fois l’aquarium stabilisé ;
  • Pas de mauvaise odeur ;
  • Filtration non nécessaire (plantes se chargeront de l’ammoniaque, des nitrites et des nitrates, les bactéries du sol consommeront l’azote).

 

Les avantages

  1. Croissance plus rapide des plantes
  2. Obtention beaucoup plus rapide et simple des tapis de gazonnantes.
  3. Limitation des algues après la mise en eau de l’aquarium. Les plantes étant plus développées, elles concurrencent plus fortement les algues, ainsi la classique apparition de filamenteuses des aquariums jeunes est fortement amoindrie, voire inexistante.
  4. L’enracinement des plantes et l’accrochage des mousses posent moins de problèmes. En effet, les plantes ont le temps de créer un réseau racinaire ou d’adhérer à leur support, et ne se mettent pas à flotter lors de la mise en eau.
  5. La création du réseau racinaire permet aussi de tenir le substrat lors de la mise en eau. Ceci est très utile lorsque que le “Hardscape” est complexe et comporte des zones en forte pente.
  6. Possibilité de mise en culture des plantes pour les multiplier. Par exemple, planter une portion d’Eleocharis dans un Tupperware, et avoir après quelques semaines l’équivalent de 5 ou 6 portions, prêtes à être plantées dans l’aquarium.

Comme il est largement plus simple de (dé)planter à sec, la méthode offre la possibilité de modifier facilement le positionnement des plantes lors de la conception du décor.

Le cyclage du substrat (mais pas celui du filtre) commence durant cette phase : Le cyclage est légèrement plus rapide donc après la mise en eau, il est surtout plus robuste.

 

Les inconvénients

La méthode de conviendra pas à ce qui veulent voir leurs nouvelles acquisitions nager le jour même de l’achat de l’aquarium. Il faut être patient…et ce n’est pas facile !

Pourtant, au regard de tous les avantages évoqués, cela vaut largement le coup.

 

La mise en place

La mise en place du substrat ne diffère pas d’un démarrage standard.

Disposer une couche de 2,5 cm de terreau générique disponible dans tous les magasins de jardinage.

Évitez les substrats contenant des engrais chimiques (sulfates et nitrates seront convertis en H2S et en nitrite, après que le sol soit submergé).

Les engrais phosphatés et le calcium (par exemple, de petit os mélangés au sol) peuvent être bénéfiques. Peut convenir également un substrat pour bassin non stérilisé.

Concernant le compost – de marque John INNES (ou autre).

Ajouter en suite 2,5 cm de gravier fin à moyen (ou une couche très superficielle de sable) pour couvrir le substrat (les bactéries ont besoin d’oxygène, donc de ne pas étouffer le substrat avec des pierres, du bois flotté, etc).

Si vous avez une eau trop douce, vous pouvez ajouter au substrat une source de calcium (chaux, sable de corail, coquillages, os, etc) pour assurer aux plantes un apport suffisant de calcium et obtenir un GH convenable.

 

La plantation

Concernant la plantation, commencez avec de nombreuses espèces de plantes à croissance rapide (vous trouverez celles qui s’adaptent le mieux aux conditions de votre aquarium).

Installer un éclairage adéquat sur toute la longueur de la cuve pour une période d’au moins 10 heures par jour. Des tubes «blanc froid» sont généralement suffisants.

Il existe maintenant des éclairages à led pour des coûts d’achat assez modérés.

Si vous pouvez positionner l’aquarium pour qu’il puisse obtenir un peu de soleil pendant au moins une heure par jour, faites-le, assurez-vous que l’eau ne se réchauffe pas.

Ajouter l’eau à température ambiante (pas de chlore ou de chloramine => faite dégazer pendant 24 heures).

Créer un mouvement de l’eau (via des pré-filtres, des pompes de brassage, etc) afin d’oxygéner l’eau pour les poissons et les bactéries présentes dans le substrat.

Avoir une eau bien oxygénée est particulièrement important les deux premiers mois avec un sol fraîchement préparé.

La circulation d’eau près de la surface permettra de briser le bio-film sur la surface.

Tous les deux jours testez le pH, l’ammoniaque, nitrites et nitrates (pendant au moins deux mois et jusqu’à l’équilibrage du bac ).

Il peut y avoir une augmentation temporaire de ces niveaux pendant la stabilisation du sol, surtout si le substrat a été artificiellement fertilisé.

Si des algues apparaissent, réduisez temporairement le niveau d’éclairage ou ajouter des plantes flottantes.

Le but principal est d’obtenir des plantes qui poussent convenablement pour supplanter les algues.

Faites les changements d’eau que si nécessaire – des changements d’eau peuvent être nécessaires les deux premiers mois pour éliminer les toxines diverses (par exemple, les huiles de bois) dégagées par le sol.

En outre, les nouveaux substrats libèrent des nutriments qui stimulent la croissance des algues (azote). Une fois l’équilibre atteint, les changements d’eau peuvent devenir rares.

Évitez d’ ajouter des animaux aquatiques le jour même de la mise en place, mais suivre de près la santé des poissons : une période de rodage du bac est toujours necessaire.

Il peut être nécessaire (quoique rare) au cours de cette « période de rodage » de faire quelques changements d’eau pour abaisser les tanins.

Certaines personnes utilisent le charbon actif dans le filtre pour supprimer tout effet de tanins jaunes (mais ces tanins sont un avantage pour la santé des animaux du bac.)

Occasionnellement, vérifiez le taux de l’ammoniaque, des nitrites au moins pendant le premier mois. Si vous obtenez un niveau supérieur à zéro, effectuez un changement d’eau de 25%.

 

Les résultats
Le substrat contient naturellement des bactéries nitrifiantes qui vont agir et détoxifier l’ammoniaque et les nitrites.

Il contient également des bactéries dénitrifiantes qui vont traiter et enlever les nitrates.

Les plantes consomment l’ammoniaque et les nitrites, qu’elles préfèrent aux nitrates.

Le substrat produira du carbone (CO2) qui va grandement stimuler la croissance des plantes et va permettre de stabiliser le KH.

Les déchets des poissons (mulm ou vase) et les aliments non consommés seront rapidement transformés par les bactéries du substrat, de sorte que les plantes pourront les utiliser pour leurs besoins nutritionnels.

Ce substrat avec une sous-couche devrait durer plusieurs années (~ 10 ans), parce que les déchets des poissons et de plantes vont en permanence reconstituer les éléments nutritifs du substrat dont les plantes se nourrissent.

Pas besoin d’ajouter des engrais pendant des années.

Le substrat libère les oligo-éléments dont les poissons ont besoin pour leur santé, ce qui réduit les besoins en changements d’eau.

Planter les plantes comme dans la méthode standard.

Saturer le substrat en eau (en essayant que l’eau ne dépasse pas à hauteur du substrat)

Bien fermer l’aquarium, surtout s’il s’agit d’un aquarium ouvert

Laisser la nature faire aussi longtemps que nécessaire pour amener vos plantes à la taille voulue.

Il est aussi possible de créer de petits bacs de culture : Prendre une gamelle quelconque, la remplir de terre forestière et d’argile verte, éventuellement d’un peu de sable, et y planter des boutures ou des plantes divisées…

 

Entretien

Taillez les plantes si nécessaire et ajustez la quantité de lumière au besoin.

Plus de lumière, croissance plus rapide des plantes et moins d’algues.

Pensez à ajouter de petits escargots qui accéléreront la décomposition du mulm.

Si vous avez besoin d’une eau dure, GH supérieur à 7, ajoutez du gravier de corail ou de coquillages et laissez-les se dissoudre lentement.

Toutefois, l’ajout d’un mélange 4:1 de chlorure de calcium et de sulfate de magnésium est un moyen d’obtenir le GH désiré, sans augmenter le pH.

Assurez-vous que le KH n’est jamais inférieur à 6, sachant que le PH peut varier, voir le bicarbonate de sodium pour plus de détails.

Ajouter lentement les plantes à croissance lente comme Hydrocotyle verticillata et Anubias, une fois les plantes à croissance rapides établies.

Testez votre taux de nitrates 1 fois par mois (ou plus tôt après l’ajout de poissons) pour s’assurer que les niveaux de nitrate ne soit pas trop élevé (c’est à dire> 10 mg / l).

Remplacer les tubes d’éclairage tous les ans.

 

Difficultés éventuelles

 Certaines personnes ont de la difficulté à déraciner et à déplacer les plantes une fois que le bac est installé.

Il convient de couper le filtre ou la pompe de brassage pendant ce temps pour permettre aux particules de se déposer au fond.

Dans un environnement sain et un bac bien établi les particules retombent au bout d’une heure ou deux.

Ceci grâce aux bactéries du substrat qui font leur travail en agglutinant les particules entre elles.

Éviter de perturber le gravier lors des changements d’eau, etc…

On peut placer un plat ou un autre objet sur le gravier pour éviter un courant trop puissant venant remuer le fond.

Le nombre des poissons dépend de la croissance des plantes, de la surface du bac, du mouvement et de l’aération de l’eau.

Les aquariums avec plus de poissons fournissent aux plantes plus de nutriments et de CO2.

Inversement, les aquariums avec des plantes à croissance robuste peuvent abriter plus de poissons.

Le facteur limitant est l’oxygénation de l’eau.

Par exemple, on peut augmenter la quantité de poissons en augmentant simplement le mouvement de l’eau et donc l’oxygénation.

 

Quelques remarques complémentaires

Il faut absolument garder le bac très humide, tout en l’aérant de temps en temps pour éviter les moisissures même si ce n’est pas très grave en soit.

Il est préférable de ne pas laisser les racines dans l’aquarium toujours pour éviter les moisissures

Il est possible de fertiliser durant un Dry Start en utilisant des engrais pour plantes vertes.

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