Kihnichthys ufermanni – Article n°4

Kihnichthys ufermanni – ALLGAYER, 2002

Kihnichthys ufermanni, le cichlidé Usumacinta, est une espèce de cichlidé trouvé dans le système du Rio Pasión, un affluent de la rivière Usumacinta à Petén, situé au Guatemala.

Cette espèce est le seul membre connu de son genre, mais plusieurs de ses caractéristiques, en particulier ses dents de ciseau, sont partagées avec le genre Cincelichthys ce qui pourrait à moyen termes conduire à fusionner les deux genres en un seul, mais, à ce stade, la question n’est pas encore entièrement résolue ni tranchée.

Le nom générique de « Kihnichthys » rend hommage à l’ichtyologiste guatémaltèque Pablo Herman Adolfo KIHN PINEDA tandis que le nom spécifique rend hommage à l’aquariophile allemand, et ami de Robert ALLGAYER, Alfred UFERMANN qui est décédé en 2000.

REPRODUCTION

Kihnichthys ufermanni est une espèce qui se reproduit en aquarium même si sa reproduction est moyennement difficile à obtenir.

C’est un pondeur sur substrat découvert qui élève ses alevins dans une structure biparentale.

 

AVANT LA REPRODUCTION

Formation d’un couple reproducteur

La méthode traditionnelle qui consiste à recourir à l’acquisition d’un groupe de 6 à 8 spécimens juvéniles qui grandiront ensemble dans un grand bac est la meilleure solution pour obtenir la formation naturelle d’un ou plusieurs couples au sein du groupe.

 

Préparation du bac

Les aménagements du bac de reproduction devront reprendre l’essentiel de ceux constituant le bac de maintenance normale de cette espèce, à la différence, le bac de reproduction pourra etre plus petit et devra etre au minimum d’un volume de 300 litres par rapport à la bonne taille de cette espèce.

 

Conditionnement des reproducteurs

Un bac adapté où le couple sera seul, assorti d’une nourriture enrichie mais distribuée plus fréquemment est une bonne méthode pour conditionner un couple.

 

Parade nuptiale

Il n’existe pas de parade nuptiale à proprement parler, comme chez beaucoup de cichlidés américains, l’empressement du mâle autour de la femelle et sa façon d’évoluer en lui tournant autour tient lieu de cette parade.

 

Prémices

La préparation du site de ponte est l’un des signes les plus fréquemment observés.

Quand le couple commence à creuser un certain nombre de petits dépressions peu profonde, des sortes de petites fosses dans le substrat, c’est le signe évident d’une prochaine ponte.

 

PENDANT LA REPRODUCTION

Ponte

La femelle pond ses œufs transparents de 2 millimètres sur un substrat préalablement nettoyé, en les déposant en lignes successives que le mâle vient aussitôt féconder.

Pendant toute la ponte, le mâle assure la surveillance du site de ponte, ne s’interrompant que pour féconder les œufs.

La ponte a généralement lieu sur une grosse pierre, un morceau de céramique ou une partie dégagée du sol, toujours une surface plane.

La ponte peut aller jusqu’à 600 œufs.

La femelle s’occupe de veiller sur les œufs jusqu’à l’éclosion, en les ventilant et retirant les œufs non fertiles.

 

Période d’incubation & Eclosion

Ces œufs éclosent après environ 72-96 heures.

Une fois les œufs éclos, les larves sont déplacées régulièrement par la femelle dans les petites fosses creusées au préalable ou dans des anfractuosités où elles sont mise à l’abris et mieux défendues par les parents.

 

Nage libre des alevins

Une semaine environ après l’éclosion des œufs, après avoir résorbé de leur sac vitellin, les larves atteignent le stade de la nage libre.

 

Garde parentale

Les parents prennent soin de leur progéniture. 

La garde parentale dure environ un bon mois, après ce temps, il vaut mieux retirer les jeunes et les élever dans un bac à part car souvent les parents peuvent recommencer une nouvelle ponte dans la foulée et leur agressivité pourrait se tourner vers les jeunes Kihnichthys ufermanni.

 

Première alimentation des alevins

Dans la nature, les poissons nourrissent les alevins nouveau-nés avec des sécrétions cutanées qui apparaissent sur leurs côtés au moment où les alevins éclosent et commencent à nager librement. 

Il est arrivé parfois que certains couples reproduisaient ce comportement dans un aquarium ce qui est toujours un spectacle fascinant pour l’éleveur.

En aquarium, le premier aliment qui pourra être distribué aux alevins est la traditionnelle naupliie d’Artémia, mais par la suite en complément des distributions de  nourriture sèche broyée peuvent compléter ce régime.

Rapidement, les alevins pourront être nourris avec des granulés finement broyés, un mélange de crevettes et des Artémia en grossissement.

 

ELEVAGE

L’élevage de ces poissons ne pose pas de difficultés particulières tant qu’on se conforme à leurs besoins.

Kihnichthys ufermanni juvénile de 5-6 mois.

Jeune adulte Kihnichthys ufermanni.

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CONSERVATION

Le Guatemala compte 247 espèces d’eau douce et est le pays le plus endémiste et le plus riche en poissons d’Amérique centrale.

Beaucoup de ces espèces endémiques se trouvent dans l’Alta Verapaz, Quiché et Huehuetenango, des sites qui sont aujourd’hui compromis principalement par la croissance des plantations de palmiers africains et le développement de barrages hydroélectriques.

De nombreuses espèces de poissons sont essentielles à la sécurité alimentaire et à l’économie de milliers de Guatémaltèques.

Cela se reflète dans la productivité de la pêche observée dans des sites emblématiques tels que le lac Izabal et Río Dulce, le lac Amatitlán ou le lac Petén Itzá, où beaucoup d’entre nous ont pu déguster du poisson frais indigène de l’endroit.

Bien que la productivité des pêches soit menacée en raison de l’absence de programmes de pêche durables, et sa perte entraînerait une plus grande pauvreté et une plus grande malnutrition dans le pays.

La conservation des poissons d’eau douce, ainsi que le rétablissement et la promotion de la durabilité des pêches sont viables s’il y a des investissements gouvernementaux dans la recherche scientifique, les actions de conservation et la gestion participative.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a publié un rapport intitulé « Le monde des poissons oubliés », où par le terme « poisson oublié » on se réfère aux poissons d’eau douce.

Le titre ne pourrait pas mieux décrire la situation historique et actuelle de ce groupe diversifié qui représente un trésor incalculable.

Il est impressionnant de penser que l’eau douce couvre moins de 1% de la surface de la terre et abrite 51% des espèces de poissons connues.

Cependant, leur valeur en tant qu’éléments de la biodiversité, source de sécurité alimentaire et d’économie, est restée invisible aux yeux des autorités, des défenseurs de l’environnement et de la société en général.

Contrairement à de nombreux pays, au Guatemala, la formation de spécialistes de la pêche (connus sous le nom d’ichtyologistes) a été rare.

Le pionnier au Guatemala est Herman KIHN-PINEDA, qui a publié les compilations les plus complètes des poissons d’intérieur du Guatemala.

Aujourd’hui, au moins 247 espèces indigènes continentales signalées sont connues.

Cette diversité, en un mot, est le résultat d’une histoire géologique, tectonique, évolutive et biotique intéressante et complexe dérivée de la formation du pont d’Amérique centrale.

Ces processus ont donné lieu à l’endémisme dans des plans d’eau uniques et éloignés situés à Alta Verapaz, Quiché et Huehuetenango, des sites qui sont aujourd’hui compromis principalement par la croissance des plantations de palmiers africaines et le développement de barrages hydroélectriques.

Le Guatemala fait également partie des corridors biologiques aquatiques partagés avec le sud du Mexique, le Belize, le Honduras et le Salvador, qui sont importants pour la conservation des poissons néotropicaux.

Le Guatemala n’est pas seulement le pays avec le plus d’endémisme de poisson en Amérique centrale, c’est aussi le deuxième avec la plus grande richesse en espèces dans la région.

Plusieurs espèces de cichlidés (Mojarra) et de poeciilidés sont fortement convoitées par les aquariophiles internationaux qui apprécient leurs couleurs vibrantes et leurs formes luxuriantes.

Il existe également des poissons très particuliers et rares à trouver, par exemple, une espèce de poisson électrique connue sous le nom de poisson-couteau (Gymnotus maculosus) récemment redécouverte à Atitlan ou la « mère de juil », une espèce de poisson-chat signalée au Guatemala en 2019.

Gymnotus maculosus.

Ces rapports récents montrent que nous avons encore beaucoup à savoir dans notre pays.

D’un autre point de vue, les poissons d’eau douce sont un élément clé de la sécurité alimentaire et de l’économie des communautés vivant à proximité des masses d’eau douce.

Il est possible que ces pêcheries soient évaluées chaque année à plusieurs millions de quetzals.

Quiconque a eu l’occasion de visiter des sites emblématiques tels que le lac Izabal et Río Dulce, le lac Amatitlán ou le lac Petén Itzá, a pu s’émerveiller de la productivité de la pêche de ces sites, et même profiter d’un délicieux mojarra indigène.

Bien que les plus observateurs se soient rendu compte que la pêche a changé, ce qui se reflète dans la rareté du poisson indigène et de bonne taille offert dans les marchés et les restaurants.

Aujourd’hui, il est plus courant de trouver la vente de tilapias (introduits d’Afrique) que de la large gamme précédente de poissons indigènes.

Dans ce scénario, il est important de souligner que la pêche artisanale a permis à des milliers de personnes aux ressources limitées, avec peu ou pas de possibilités d’éducation scolaire, d’avoir un emploi décent, cependant, plein de sacrifices et d’incertitude.

De plus, la pêche artisanale a été l’une des sources de nourriture les plus importantes pour les pêcheurs et leurs familles pendant la pandémie de COVID 19.

Les espèces de poissons indigènes ont été une ressource très précieuse qui a été tenue pour acquise et leur perte entraînerait plus de pauvreté et de malnutrition dans le pays.

Peu ou pas d’investissements ont été faits dans les programmes de pêche durable, y compris la préservation des plans d’eau.

La bonne nouvelle est que la pêche artisanale peut être pratiquée de manière durable.

Plusieurs biologistes de la pêche de renommée mondiale ont souligné que la pêche artisanale avec des techniques appropriées est l’un des moyens les moins nocifs d’obtenir de la nourriture pour l’environnement.

Cependant, cela nécessite des informations scientifiques clés, des accords multisectoriels et une gestion participative, ce qui peut être réalisé avec un investissement accru du gouvernement.

En tant que société, nous devons prendre conscience de notre environnement et ne pas « oublier » de nombreuses espèces et écosystèmes qui représentent un trésor inestimable pour nous et pour les générations futures.

Il n’est autoriser d’imaginer un monde sans poissons, et encore moins un monde sans eau douce !

 

INTRODUCTION EN DEHORS SON BIOTOPE

Cette espèce n’a pas été signalée comme introduite ou établie aux États-Unis. Aucun détaillant d’aquarium n’a été trouvé répertoriant cette espèce à vendre, mais un forum de discussion sur Internet suggère qu’elle peut apparaître occasionnellement.

L’espèce n’a pas été signalée en dehors de son aire de répartition d’origine, par conséquent aucune

information n’est disponible sur son potentiel envahissant.

Des informations et des recherches supplémentaires sur cette espèce sont nécessaires pour accroître la certitude de cette évaluation.

 

ACTIONS DE CONSERVATION

Le 28 avril 2015, de fortes pluies ont provoqué le débordement d’une partie de l’eau des bassins d’oxydation de l’entreprise Reforestadora de Palma de Petén SA (Repsa) dans la rivière La Pasión, à Sayaxché, Petén, Guatemala.

Deux jours plus tard, des poissons morts ont commencé à apparaître, montrant des signes d’étouffement.

La catastrophe, classée « écocide » par le ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles, Óscar Medinilla SANCHEZ, a été signalée le 6 juin 2016.

Les membres de la communauté ont annoncé que des milliers de poissons et de tortues flottaient sans vie dans la rivière.

Une vidéo filmée sur place montrait le drame, et en accusait l’agro-industrie de la palme africaine.

À ce jour, les habitants ne savent pas ce qui s’est passé, ni s’ils peuvent reprendre l’activité de pêche, s’ils peuvent irriguer ; et ils ne savent pas ce qui se passera après !

 

USAGES HUMAINS

Pêche locale pour consommation.

Aquariophilie.

 

MENACE POUR LES HUMAINS

Sans danger.

 

MARCHE AQUARIOPHILE

C’est une espèce très peu connue dans le monde de l’aquariophilie et donc quasiment introuvable dans le commerce.

 

STATUT DE CONSERVATION

IUCN

Référence :  120744

Le 28 novembre 2018, Cincelichthys ufermanni a été évalué par l’Union internationale pour la conservation de la nature dans la liste rouge des espèces menacées de l’UICN en tant que « DONNEES INSUFFISANTES (DD) ».

Bien que Cincelichthys ufermanni ait toujours été signalé comme étant en petit nombre, étant donné la bonne forme de leurs habitats, qui se trouvent dans les grands fleuves des régions reculées du Mexique et du Guatemala, il n’y a pas de danger évident immédiat pour la population de cette espèce.

 

FISHBASE

Référence :  104176

 

ZOOBANK

Référence :  B692008D-FAE8-47E4-88BD-C555CC72C488.

 

CITES

Référence :  118484

Statut : Non évalué

 

CMS

Référence :  116361

Statut : Non évalué

 

REFERENCES

ALLGAYER, R., 2002: Vieja ufermanni sp. nov., un cichlidé nouveau du bassin du Rio Usumacinta et du Rio de la Pasión, Amérique centrale (Pisces: Perciformes). L’an Cichlidé, 2: 14–17.

McMAHAN, C.D., MATAMOROS, W.A., PILLER, K.R., & CHAKRABARTY, P. 2015. Taxonomy and systematics of the herichthyins (Cichlidae: Tribe Heroini), with the description of eight new Middle American Genera. ZOOTAXA 3999(2): 211–234. DOI: 10.11646/zootaxa.3999.2.3. Preview (PDF) Full text (PDF) Reference page.

LYONS, T.J. (2019). “Kihnichthys ufermanni”. IUCN Red List of Threatened Species. 2019: e.T192889A2179668. doi:10.2305/IUCN.UK.2019-2.RLTS.T192889A2179668. en. Retrieved 28 December 2021.

McMAHAN, C.D., MATAMOROS, W.A., PILLER, K.R. & CHAKRABARTY, P. (2015). “Taxonomy and systematics of the herichthyins (Cichlidae: Tribe Heroini), with the description of eight new Middle American Genera” (PDF). Zootaxa. 3999 (2): 211–234. doi:10.11646/zootaxa.3999.2.3. PMID 26623572.

ŘICAN, O.; PIALEK, L.; DRAGOVA, K. & NOVAK, J. (2016). “Diversity and evolution of the Middle American cichlid fishes (Teleostei: Cichlidae) with revised classification”. Vertebrate Zoology. 66 (1): 1–102.

ARTIGAS AZAS, Juan Miguel (2021). “Kihnichthys, a junior synonym of Cincelichthys”. Cichlid News Magazine (4 ed.). 29: 10–12.

FROESE, RAINER; PAULY, DANIEL (eds.) (2021). “Kihnichthys ufermanni” in FishBase. December 2021 version.

Christopher SCHARPF & KENNETH J. LAZARA (22 September 2018). “Order CICHLIFORMES: Family CICHLIDAE: Subfamily CICHLINAE (d-w)”. The ETYFish Project Fish Name Etymology Database. Christopher Scharpf and Kenneth J. Lazara. Retrieved 11 November 2018.

ALLGAYER, Robert. 2002. ” Vieja ufermanni , sp. nov., un Cichlidé nouveau du bassin du Rio Usumacinta et du Rio de la Pasión, Amérique Centrale (Poissons : Perciformes)”. L’an Cichlide. 2 ; pp. 14-17

Caleb D McMAHAN, Wilfredo A MATAMOROS, KYLE R PILLER & PROSANTA CHAKRABARTY : Taxonomie et systématique des herichthyins (Cichlidae : Tribe Heroini), avec la description de huit nouveaux genres d’Amérique centrale. Zootaxa 3999 (2): 211-234. doi : 10.11646/zootaxa.3999.2.3

Juan Miguel ARTIGAS AZAS (2020) : Kihnichthys, un synonyme junior de Cincelichthys. Cichlid News, 29(4):10-12.

 

LITTERATURE

  • STAWIKOWSKI, R. & U. WERNER 1998. Die Buntbarsche Amerikas Band 1 pp 405
  • Article AQUALOG par MCW KEIJMAN
  • STAWIKOWSKI, R. & U.WERNER 1998. Die Buntbarsche Amerikas Band 1 pp 405
  • DCG-online.de 2003-01 pp 19-20 Neue Taxa bei Cichlids & 2009-01 pp 14-16 Vieja ufermanni ALLGAYER, 2002.

 

LEXIQUE

[1] Un organisme benthopélagique qualifie un animal, un végétal ou tout organisme qui vit indifféremment dans le milieu benthique, démersal ou pélagique.

La zone benthopélagique nomme également cette partie du milieu aquatique.

Les poissons benthopélagiques ont une flottabilité neutre, afin qu’ils puissent nager en profondeur sans trop d’effort, tandis que les poissons strictement benthiques sont plus denses, avec une flottabilité négative de sorte qu’ils peuvent se maintenir sur le fond sans le moindre effort. La plupart des poissons démersaux sont benthopélagiques.

 

[2] Un organisme euryphage se nourrir d’une grande variété de nourriture, tout comme un polyphage.

Euryphage se dit d’animaux, généralement omnivores, qui peuvent changer aisément de régime alimentaire par opposition au monophage ou sténophage.

Un animal euryphage n’est pas nécessairement omnivore; par exemple, bien qu’ils soient carnivores, les merlus adultes (tel que le merlu commun Merluccius merluccius sont euryphages, en ce sens qu’ils se nourrissent d’une grande variété de proies actives, principalement des chinchards, des sardines, des poissons des familles Myctophidae et Macrouridae et des poissons de leur propre genre, crustacés et céphalopodes.

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