Guyane, l’ulcère de Buruli ….a un impact sur la faune aquatique

PERTURBATIONS DE LA FAUNE AQUATIQUE

En Guyane française, la déforestation entraîne une recrudescence dans l’eau douce de Mycobacterium ulcerans, agent bactérien de l’ulcère de Buruli, révèle une étude publiée dans la revue Science Advances.

Un nouvel exemple de l’effet des perturbations environnementales sur les maladies émergentes.

Publiée dans Science Advances par Aaron Morris, biologiste à l’université de Bournemouth (Royaume-Uni), et ses collègues, une nouvelle étude révèle l’effet de la déforestation sur sa prolifération, confortant l’idée d’un lien entre perturbations environnementales et maladies émergentes.

Pour cela, les chercheurs ont analysé la présence de Mycobacterium ulcerans chez plus de 3.600 invertébrés et poissons prélevés dans 17 points d’eau douce en Guyane française.

Selon leurs résultats, la bactérie se concentre dans le bas de la chaîne alimentaire.

Or la déforestation et l’usage agricole des terres entraînent une raréfaction des espèces prédatrices, ce qui favorise leurs proies, porteuses de la bactérie.

Dès lors c’est dans les zones les plus perturbées que Mycobacterium ulcerans est la plus abondante, ce qui pourrait accroître le risque sanitaire.

VERS UNE APPROCHE PLUS ÉCOLOGIQUE

Bien d’autres maladies émergentes ont été liées à des dégradations environnementales.

Parmi elles, le paludisme !

Menée en Afrique, une étude publiée en septembre 2015 a montré que les barrages, où pullulent les moustiques anophèles, attisent la présence de la maladie: jusqu’à deux millions de cas  de paludisme pourraient être liés aux barrages africains chaque année.

Idem à Bornéo, où la déforestation favorise chez l’homme un paludisme jusqu’alors restreint au macaque, lié au parasite Plasmodium knowlesi.

Contacté par le JDLE, Jean-François Guégan, co-auteur de l’étude et directeur de recherche dans l’unité mixte de recherche (UMR) Mivegec[i] à Montpellier, estime que l’originalité de ces travaux repose sur son approche écologique, non centrée sur une espèce particulière.

«Actuellement, la recherche consiste essentiellement à déterminer le nouveau vecteur, le nouveau réservoir :

On focalise beaucoup sur un animal, alors qu’on n’a pas regardé à côté.

Ce sont des approches très ciblées, il faut à mon avis analyser de manière plus intégrative», juge-t-il.

Plutôt que de n’analyser que des espèces individuelles (réservoirs, vecteurs), le chercheur estime qu’il faut avant tout s’intéresser à leur environnement – et à sa dégradation, qui entraîne un «passage à l’acte» des agents pathogènes.

Exemple, une récente étude a révélé la présence de l’agent de la lèpre chez des écureuils britanniques, sans pour autant que la maladie sévisse dans le pays. Idem pour l’agent du tétanos, omniprésent dans l’environnement.

 

L’EFFET DU CLIMAT

Lors de précédents travaux, publiés en 2014, Jean-François Guégan avait montré que les épisodes de sécheresse, dont ceux liés à El Niño-phénomène climatique mondial prenant naissance dans l’océan Pacifique, entraînaient des pics épidémiques d’ulcère de Buruli en Guyane.

Comme pour la dengue en Asie du Sud-est, où une étude a montré que survenaient des flambées de la maladie lors d’un épisode El Niño.

Avec le réchauffement climatique en cours, les maladies émergentes ont de beaux jours devant elles.

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